Festival A Voix Haute
musique et chant à Bagnères de Bigorre, Hautes Pyrénées

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A Voix Haute édition 2005 édition 2006 édition 2007

Bagnères Hautes Pyrénées

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A VOIX HAUTE,
Festival de chant à Bagnères de Bigorre, édition 2007

Chaque année A Voix Haute se construit sur un thème. L'édition 2006 s'interrogeait sur le rapport et la filiation entre musique populaire de tradition orale et musique savante de tradition écrite. L'édition 2007 propose une confrontation entre deux axes d'évolution de la tradition orale. Ainsi se sont cotoyées une tradition orale qui s'est perpétuée avec un maximum de fidélité, ses évolutions et une représentation de musique sacrée. Ce propos s'éclaire admirablement à l'écoute des conférences animées par Manu Théron et par Pascal Caumont.

Pour son édition 2007, du rap au chant lyrique, A Voix Haute vous fait voyager entre traditionnel et contemporain. Festival organisé par la Mairie de Bagnères de Bigorre et Einstein on the Beach, en partenariat avec l'Institut Culturel Basque et l'AFIJMA Les spectacles en plein air sont gratuits, ceux de la Halle aux Grains, l'église ou l'espace Maintenon sont à 5euros. Une carte pass, donnant accès à tous les spectacles, est proposée à 30euros.

Une grande variété de voix basques en fil rouge dans cette nouvelle édition d'A Voix Haute. Les Chanteurs Montagnards, Maddi Oihenart et Julie Laderach sont les témoins d'un chant qui se construit au fil des siècles. Bilika mélange aux chants les plus anciens de la mémoire basque, ses recherches sur la voix, on ne peut plus contemporaines. M.Etxekopar et F.Rossé propose un concert en forme de balade à travers la montagne. Borroka chante son engagement dans notre monde contemporain. Ama Lur et Benat Achiary mêlent la tradition du choeur d'hommes aux voix puissantes à la recherche de sonorités d'une voix extraordinaire. Juan Mari Beltran et ses charlapatistes nous ouvrent les secrets d'une musique aux instruments inattendus. Un voyage en musique La Corse avec Insulatines, le Brésil et la voix suave de Vitto Meirelles, l'Ethiopie aux accents funky du Tigre des Platanes et d'Eténèsh Wassié et les Etats Unis avec le jazz d'Annette Peacock ou Radioinactive et DJ LA Jae. Vox Bigerri, joignant une conférence à son concert, nous a donné à entendre et à comprendre certains secrets du chant polyphonique. Une programmation très éclectique Du jazz avec Annette Peacock et Roger Turner, une fanfare, Friture Moderne dont une partie des musiciens accompagnait Etenesh Wassié, le hip hop de Real Issue et Moyen du Bord, les musiques contemporaines de Michel Godard et Linda Bsiri et les polyphonies sacrées de la Main Harmonique, on ne peut faire plus varié et divers.

A chaque jour, son programme Samedi 11 août, Chorales du département, fanfare La Friture Moderne, Bilika (acordéon et voix basques), Jazz avec Annette Peacock et Roger Turner. Dimanche 12 août, Michel Etchecopar et François Rossé (contemporain basque), Maddi Oihenart et Julie Laderach (chant et violoncelle), Ama Lur et Benat Achiary (choeur d'hommes basques), Manu Théron et Pantxoa Etchegoin Lundi 13 août, Michel Godard et Linda Bsiri (musique contemporaine), Insulatines (polyphonies corses féminines), funk éthiopique avec le Tigre des Platanes et Eténèsh Wassié, Hip Hop avec radioinactive et DJ LA Jae, Real Issue (DJs), Moyen du Bord (rap) Mardi 14 août, spectacles payants, Borroka (folk basque), Vox Bigerri (polyphonies du sud de l'Europe), La Main Harmonique (polyphonies sacrées). Mercredi 15 août, (spectacles gratuits, théâtre de la nature, Vallon de Salut). Les Chanteurs montagnards d'Alfred Roland, Vitto Meirelles(chant du Brésil), Juan Mari Beltran (traditionnel basque)

Au fil des concerts du samedi 11 août au mercredi 15 août

Samedi 11 août, aux Vignaux, début du festival Après une belle animation au marché du matin, Bagnères a commencé à résonner des voix de son festival. Et, A Voix Haute s'est véritablement ouvert dans le Jardin des Vignaux, mettant l'édition 2007 sous le double signe de la tradition et de la modernité. BILIKA De complainte en air à danser, un chanteur et un accordéoniste combinent voix, musique et percussions. Sous l'ombre des arbres centenaires, Bilika nous a offert un moment de plaisir, à écouter le phrasé du chanteur utilisant de façon très musicale, les sonorités de la langue, jouant des voyelles et des consommes, d'une voix qui se fait chuchotement et cri aussi bien qu'expression mélodique, pendant que l'accordéon, plaintif ou joyeux répond en écho dans un dialogue sans cesse renouvelé. Le public Bagnèrais a retrouvé avec grand plaisir, cette exploration contemporaine de l'expression vocale où la voix joue de toutes les possibilités de l'articulation, où les vibrations des cordes vocales s'habillent du souffle et des résonnances que lui offre le corps.

Maddi Oihenart et Julie Laderach Dans les jardins de la bibliothèque, Maddi Oihenart chante le répertoire traditionnel basque. A capella ou accompagnée par le violoncelle de Julie Laderach, selon les morceaux, la voix de Maddi Oihenart met en valeur la musicalité de la langue basque sur des musiques qui ont traversé les siècles ou sur des crétions plus récentes. Malgré une météo peu favorable, le public est au rendez-vous et sa qualité d'écoute est remarquable. Davantage sur ce concert

Les concerts à l'église Saint Vincent

Insulatines, polyphonies corses au féminin Toutes vêtues de noir, elles sont quatre femmes aux timbres de voix tous différents, solistes et choristes, chacune à leur tour. Les thèmes de leurs chants sont les étoiles, la lune et sa magie et l'amour bien sûr. Elles chantent aussi la gloire de leur drapeau, la bandera. Insulatines conjugue à la fois, le charme, la sensualité féminine et une force, une puissance de voix tout à fait étonnantes. Elles déchaînent l'enthousiasme du public. Davantage sur ce concert

La Main Harmonique,concert de musique sacrée Entre le XIème et le XIVème siècle, la main harmonique était un procédé mnémotechnique de pédagogie musicale, dans lequel chaque phalange de la main correspond à une note. Les musiciens du groupe sont originaires de Paris, leur répertoire correspond à la période désignée par leur nom. En concert à l'église de Bagnères, ils ont présenté une messe d'assomption, choix qui s'imposait pour un 14 août. Alors que le public les attendaient dans le choeur, ils ont commencé à chanter, au fond de l'église, près des fonts baptismaux, le temps, pour le public, d'entendre que le groupe se compose de quatre hommes, deux basses et deux ténors. Le concert s'est poursuivi dans le choeur avec un Kyrie, toujours à quatre voix, un Gloria à trois voix, un hymne à la Vierge, trois voix et un soliste, un Alléluia à quatre voix de nouveau, avant d'enchaîner sur le Sanctus, Agnus Dei qui tollis pecata mundi, de nouveau à trois voix et pour terminer, un nouvel hymne à la Vierge et un Deo Gracias. Très vivement applaudis, ils devront bisser le Kyrie. Ce concert, au delà de la beauté des voix et des harmonies chorales, illustrait ce qui avait été présenté par Pascal Caumont, l'après-midi. Il avait en effet, opposé les polyphonies écrites où chaque pupitre a sa partition, aux polyphonies de traditions orales ou le choeur se cale sur les harmonies dégagées par celui qui entonne.

Vox Bigerri Eux aussi démarrent le concert au fond de l'église. Leur premier chant les a amène jusqu'au choeur, par stations dans la travée centrale. Ils sont six hommes, deux basses, deux barytons, deux ténors. Pour obtenir des effets de voix différents, ils chantent tantôt face à face par deux, tantôt en cercle ou en demi-cercle. Tout cela sera précisé et expliqué, après le concert, lors de la conférence de Pascal Caumont, dans les jardins de la bibliothèque. Nous avons reconnu "le chant du jeune amant", présenté la veille, dans la conférence de Manu Théron. Le concert alterne ensuite chant médiéval, parenthèse de musique sacrée, chant des Baronnies, chant traditionnel de la vallée de la Soule, le tout émaillé de plaisanteries et d'une bonne humeur communicative. Un groupe dont on sent qu'ils prennent le plus grand plaisir à chanter ensemble. Davantage sur Vox Bigerri

Les Concerts de Matinées Artistiques

Dans l'ancienne salle d'exposition de l'Espace Maintenon, une ambiance de concert privé, sans sonorisation, tant on est proche des artistes. Programmer trois concerts le matin à 11h, pouvait paraitre une gageure, malgré l'heure difficile, le public était au rendez-vous, dimanche pour Michel Etchecopar et François Rossé, lundi pour Linda Bsiri et Michel Godart et mardi pour Borroka. En savoir davantage sur ces trois concerts acoustiques

	Michel Etchecopar et François Rossé Nous avons donc suivi, Michel Etchecopar en estive. Au milieu des oiseaux, nous avons entendu les brebis secouer leurs "campanes" au rythme de leur vie en montagne, la marche régulière et bruyante de la montée en estive, où l'on devine les mots et les cris des hommes autour du troupeau. Pendant ce temps, Michel Rossé au piano, égrenent ses notes comme autant de gouttes d'eau qui rebondissent d'un caillou à l'autre dans les rigoles d'estive. plus sur ce concert acoustique
	Linda Bsiri et Michel Godard Lui, habille son souffle de toutes les circonvolutions de son tuba, pendant qu'elle fait siffler les S, se joue des liquides, fait exploser les consonnes, éclater les voyelles pour le plus grand plaisir de l'oreille et du sens. Il y a chez Linda Bsiri et Michel Godard une jubilation du texte qui se fait vite contagieuse. Le public s'amuse. Le concert se termine par un hommage au tuba, au moment où M.Godard vient juste de casser sa bretelle et c'est à bout de bras qu'il doit tenir son instrument. Ce morceau, écrit par Linda est, parait-il le préféré de Michel, une preuve, s'il en fallait de leur complicité. plus sur ce concert acoustique
	BORROKA Nous avons écouté, au centre Maintenon, deux garçons à l'invention sans limite, Pantxix Bidart, voix, guitarres, oud, Kako Cavalié contre basse, instruments anciens du Maghreb et percussions diverses. Leur propos est militant, mais eux ne se prennent pas au sérieux, même si la voix de Pantxix lance aux opprimès d'ici et d'ailleurs: "borroka! borroka!" (lutte! lutte!), nous rappelant que laisser faire, c'est se rendre complice. plus sur ce concert acoustique

Les concerts de la Halle aux grains

Roger Turner et Annette Peacock Annette Peacock n'est jamais apparue en pleine lumière, les Bagnèrais ont juste deviné ses cheveux blonds, sa longue silhouette mince et fragile, presque évanescente, contrastant avec la force contenue de Roger Turner. Les premières notes de piano se sont élevées, puis, de sa voix chaude, légèrement voilée, elle a entamé une ballade. Le concert s'est poursuivi en continuité, comme très souvent dans le jazz d'improvisation. Le public Bagnèrais a semblé quelque peu désorienté. Roger Turner n'a pas réussi davantage à gagner la salle, malgré un superbe solo à la batterie.

Ama Lur et Benat Achiary Ce spectacle combine un choeur polyphonique d'hommes et la voix extraordinaire de Benat Achiary. Ils dialoguent. La salle retient son souffle devant la performance vocale. Et l'émotion grandit encore quand Benat Achiary fait revivre, par un poême, l'horreur de Guernica. Davantage sur ce concert

Radioinactive et DJ LA Jae DJ LA Jae et Radioinactive viennent des Etats Unis, Manu Théron les a reçus dans sa conférence de l'après-midi, le soir, ils sont en concert à la Halle aux Grains. Casquette vissée à l'envers sur la tête et foulard sur la bouche, ce soir là, DJ LA Jae mixait à Bagnères. Après un premier mixage, Radioinactive entre en scène, le visage entièrement caché par une immense visière, un keffié négligemment jeté sur les épaules. Aux premiers applaudissements, il s'avance vers le public qu'il trouve décidément bien loin de la scène. Mais qu'importe, il a déjà conquis Bagnères. Il possède un phrasé impressionant, et son texte est, parait-il, pétri d'humour noir. Nous regrettons de ne pas maitriser l'anglais pour en saisir le sens. Nous ne pouvons juger que de sa technique et elle dépasse de loin ce que l'entend d'habitude, prenant de l'eau dans la bouche, il rappe encore et cette fois son phrasé vire à la performance. Real Issue et Moyen du Bord Une block party à Bagnères de Bigorre! Les accents black music du Sound System Real Issue et le collectif hip hop Moyen du Bord, il devient impossible de rester en place quand la fine fleur des DJs et des MCs bigourdans se relaie à la halle aux Grains.

Eténesh Wassié et le Tigre des Platanes Le Tigre des Platanes est un quartet, les musiciens jouent également dans la fanfare Friture Moderne que l'on a retrouvée au Vallon de Salut, le 15août. Nous avons, d'abord, rencontré Etenesh Wassié, l'après-midi. Elle était invitée à la conférence de Manu Théron. Le soir toute en blanc, elle chante d'une voix poignante la musique des hauts plateaux éthiopiens et son chant se marie à merveille au jazz du Tigre des Platanes. Elle se laisse prendre par leur musique et sa danse frémit d'une grande sensualité. Etenesh et le Tigre des Platanes se séparaient le soir même, après trois mois de tournée. On sentait qu'il y avait eu entre eux, beaucoup d'amitié, malgré la barrière de la langue. Elle parle Azmari et ne possède que quelques mots d'anglais. Ensemble, ils portent toute la joie de la fête et leurs improvisations montrent le plaisir qu'ils ont à jouer et à chanter.

Théâtre de la nature, Vallon de Salut, mercredi 15 août
Après la messe, l'apéritif était animé par la fanfare Friture Moderne

Les Chanteurs Montagnards d'Alfred Rolland en spectacle de clôture Comme tous les ans, ils font partie de la programmation de clôture du festival. Le matin, ils avaient interprété la "Messe d'Alfred Rolland", oeuvre de musique sacrée qui avait été donnée en l'honneur du pape de l'époque, l'après-midi, ils sont en concert. Les Bagnèrais retrouvent chaque année, avec le même plaisir, leurs Chanteurs Montagnards. Connaissant leur histoire et leur répertoire par coeur, ils aiment rire des plaisanteries du groupe et chantonner avec eux. Ce groupe amateur, composé majoritairement d'hommes, s'efforce de rester le plus fidèle possible au chant qu'a codifié Alfred Rolland au XIXème siècle. En savoir plus sur les Chanteurs Montagnards d'A.Roland

	Vito Meirelles Il est jeune, il est beau et il chante, tout pour séduire le public, et pas seulement un public féminin. Il fait si chaud, ce mercredi, que les chaises disposées devant la scène ont été désertées, chacun a cherché un peu d'ombre pour s'installer. Quand Vito Meirelles arrive sur la grande scène du théâtre de verdure, il nous parait un peu perdu. Mais il commence à chanter en s'accompagnant d'une drôle de guitare électrique, toute en contour. Un sortilège opère. Bosa nova, samba, bayon et Bagnères s'envole vers le Brésil. Vito Meirelles crée une ambiance qu'on attendrait en concert acoustique. Du coup, l'espace de Salut qui nous semblait démesuré, se resserre sur la scène et autour de lui. Il émane de ce garçon une gentillesse et une douceur étonnantes. Une anecdote en exemple, pendant le festival, il a été hébergé dans une famille bagnèraise, il leur dédie, en concert, plusieurs morceaux d'Orfeu Negro. Une attention qui n'aura pas manqué de les toucher.
	Juan Mari Beltran Le concert commence avec un bruit de vent produit par de curieux instruments. Ce sont des pièces de bois dentelées, accrochées au bout d'une corde d'un mètre environ que les percussionistes du groupe font tournoyer autour d'eux. Puis, la corne, le violon, l'accordéon se mettent de la partie et le chant s'élève. Juan Mari Beltran nous interprête ainsi avec son groupe, un choix de danses du Pays Basque Espagnol. On reconnait au passage, les instruments traditionnels, tambourin à cordes, chioulas et des thèmes communs à tous les chants pyrénéens, la montagne, l'oiseau. Mais le plus étonnant est le système de percussion qu'ils appellent la charlapa. Ce sont de longues pièces de bois et de pierres sur lesquelles les charlapatistes tapent avec des baguettes. Il parait que dans leurs villages, s'organisent des concours, où l'un reproduit le galop d'un cheval pendant que les autres tapent à contre temps pour lui faire perdre le rythme.

L'orage menaçait, en fin de journée et le présentateur ne laissa pas au public, la possibilité d'un rappel pour que nous en ayons un exemple.

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